Edito du Curé – dimanche 12 janvier 2025
« Debout, Jérusalem, Resplendis ! (Is 60,1) »
La lumière de l’Epiphanie jette encore ses rayons sur le temps de Noël qui court jusqu’au dimanche du « baptême du Seigneur », véritable « théophanie ». Je voudrais profiter de ces deux solennités de notre Seigneur Jésus-Christ, que la liturgie célèbre concomitamment, pour faire un rappel catéchétique de l’Epiphanie et du baptême de Jésus dans les eaux du Jourdain.
Dans la liturgie romaine, le cycle de Noël se conclut par deux manifestations ou dévoilements du mystère de Dieu aux hommes. A l’Epiphanie, Dieu manifeste aux Mages la splendeur de son Fils qui vient de naître à travers le signe d’une Etoile. Au baptême, Dieu, le Père, présente Jésus, comme « son Fils bien-aimé ». Voilà deux mots – Epiphanie et Théophanie – qui ont une même sémantique et introduisent au même mystère avec quelques nuances sur leur usage selon qu’on soit de l’église orthodoxe ou romaine.
Le mot « épiphanie » tire sa source et son sens des célébrations païennes de l’Antiquité grecque, comme l’indique son étymologie : le substantif « épi » qui signifie « sur » et le verbe « phainein », briller, illuminer, donner à voir, manifester… Sous l’influence du christianisme naissant, le mot a subi l’influence de cette nouvelle culture qui célèbre la venue du Messie dans le monde. Ce Messie a été annoncé sous le signe de l’Astre du ciel, de l’Etoile du Matin, de l’Astre d’en Haut qui guide ceux qui marchent dans les ténèbres. C’est cette « Etoile » qui guida les Mages, mystérieux personnages venus de l’Orient vers la crèche pour adorer le nouveau roi né dans une bourgade inconnue de Judée. Ces astrologues d’Orient vivaient loin de l’ambiance de l’attente du Messie. Ces personnages sont le symbole de Dieu qui emprunte les pas de l’annonce pour se faire connaitre, se manifester à ceux qui sont en dehors du cercle du peuple élu, peuple témoin de l’accueil et de l’annonce du Messie. A l’Epiphanie, Dieu précède les pas des messagers chargés de l’annoncer. Il ne fait pas que dévoiler, il se dévoile ! Le Nouveau Roi, soleil levant, jette ses rayons au-delà des frontières d’Israël. A ce tire Jérusalem devient le point de convergence de tous les peuples. Dieu accueilli par un peuple s’annonce comme un Dieu d’ouverture, un Dieu des nations et pour les nations. L’universalité de Dieu prépare et introduit au mystère de l’Eglise.
Désormais, l’Eglise est la « Nouvelle Jérusalem », » le nouveau peuple » en marche pour faire connaitre le mystère qui lui a été révélé et déposé entre ses mains, selon les recommandations de Jésus : « vous serez mes témoins jusqu’aux extrémités de la terre » (Ac 8,1)
Quant à la « théophanie », elle tire aussi son origine et son sens de la religion antique, de deux radicaux, « théo », dieu et de « phan », apparition, ce qui se laisse voir ou observer. La théophanie est une manifestation divine au cours de laquelle Dieu se révèle aux hommes par un message qui peut être une « bonne nouvelle » ou un avertissement. En empruntant ce mot, le christianisme a conservé son sens de la manifestation divine que la théologie désignera par le terme « Révélation ». Dans la Théophanie, Dieu parle de Lui-même aux hommes, il se dit, il se révèle…
A la suite du Buisson Ardent et de la rencontre de Dieu avec Moïse au Mont Sinaï, la naissance de Jésus-Christ ainsi que son baptême dans le Jourdain sont considérés à juste titre comme « des théophanies essentielles » de l’Ancien et du Nouveau Testament. La Théophanie est le prélude de ce que Dieu dit de lui-même, alors que la Révélation est le sommet de ce qu’il dit de Lui-même. Dans une théophanie, Dieu ne se sert d’aucun moyen : il n’envoie ni ange, ni étoile… Il se met en scène « intuitu personae » (lui-même) : « Celui-ci est mon Fils bien Aimé ».
Qui peut parler de Dieu, sinon Dieu lui-même ! La théologie, comme science, est une approche qui tente d’expliciter ce que Dieu dit de lui-même. La théologie ne révèle rien… Elle éclaire la Révélation sous le regard bien veillant du Magistère de l’Eglise.
Dans le prolongement de la Révélation, le baptême de Jésus par Jean, le Baptiste, se situe à un tournant décisif qui a eu son sommet dans l’incarnation, où l’invisible devient visible…, le Plus-Haut devient le Plus-Proche, notre familier. Et c’est la Voix du Père céleste qui atteste que Celui qui se fait baptiser dans les eaux du Jourdain est bel et bien son Fils, sa Parole ultime aux hommes. Le baptême de Jésus est une théophanie parce qu’il est porteur d’un message de salut pour le genre humain : il inaugure une ère nouvelle et scelle une nouvelle alliance. De par son baptême, Celui qui est sans péché a porté les péchés des multitudes et présente à son Père des hommes nouveaux, nés désormais de l’eau et de l’Esprit-Saint.
En nous incorporant au Christ, le baptême devient un sacrement de relèvement, un sacrement de la re-construction, de la renaissance. Le baptisé est un homme debout ! De même que le prophète exhorte Jérusalem à se mettre debout pour laisser rayonner la gloire du Seigneur, de même, j’encourage les fidèles du Christ, à l’aurore de la nouvelle année, de se laisser mouvoir par la volonté de Dieu. Et ce Dieu nous veut debout, soutenu par son Esprit reçu au baptême. Avec notre baptême, nous sommes les témoins d’une espérance qui atomise les peurs. Chantons avec le psalmiste : « ma force et mon chant, c’est le Seigneur, il est pour moi le salut » (Ps 117 (118), v.14).
La posture « debout » est le signe de l’espérance, vertu qui nous propulse vers l’Avant (devant) et l’Avent (l’attente). Les Mages sont le symbole de la marche, du courage, de la traversée vers l’Enfant de la crèche, humble et fragile.
Père DIEUDONNE MASSOMA, Curé
Publié le 09 janvier 2025
Edito du Curé – dimanche 12 janvier 2025
« Debout, Jérusalem, Resplendis ! (Is 60,1) »
La lumière de l’Epiphanie jette encore ses rayons sur le temps de Noël qui court jusqu’au dimanche du « baptême du Seigneur », véritable « théophanie ». Je voudrais profiter de ces deux solennités de notre Seigneur Jésus-Christ, que la liturgie célèbre concomitamment, pour faire un rappel catéchétique de l’Epiphanie et du baptême de Jésus dans les eaux du Jourdain.
Dans la liturgie romaine, le cycle de Noël se conclut par deux manifestations ou dévoilements du mystère de Dieu aux hommes. A l’Epiphanie, Dieu manifeste aux Mages la splendeur de son Fils qui vient de naître à travers le signe d’une Etoile. Au baptême, Dieu, le Père, présente Jésus, comme « son Fils bien-aimé ». Voilà deux mots – Epiphanie et Théophanie – qui ont une même sémantique et introduisent au même mystère avec quelques nuances sur leur usage selon qu’on soit de l’église orthodoxe ou romaine.
Le mot « épiphanie » tire sa source et son sens des célébrations païennes de l’Antiquité grecque, comme l’indique son étymologie : le substantif « épi » qui signifie « sur » et le verbe « phainein », briller, illuminer, donner à voir, manifester… Sous l’influence du christianisme naissant, le mot a subi l’influence de cette nouvelle culture qui célèbre la venue du Messie dans le monde. Ce Messie a été annoncé sous le signe de l’Astre du ciel, de l’Etoile du Matin, de l’Astre d’en Haut qui guide ceux qui marchent dans les ténèbres. C’est cette « Etoile » qui guida les Mages, mystérieux personnages venus de l’Orient vers la crèche pour adorer le nouveau roi né dans une bourgade inconnue de Judée. Ces astrologues d’Orient vivaient loin de l’ambiance de l’attente du Messie. Ces personnages sont le symbole de Dieu qui emprunte les pas de l’annonce pour se faire connaitre, se manifester à ceux qui sont en dehors du cercle du peuple élu, peuple témoin de l’accueil et de l’annonce du Messie. A l’Epiphanie, Dieu précède les pas des messagers chargés de l’annoncer. Il ne fait pas que dévoiler, il se dévoile ! Le Nouveau Roi, soleil levant, jette ses rayons au-delà des frontières d’Israël. A ce tire Jérusalem devient le point de convergence de tous les peuples. Dieu accueilli par un peuple s’annonce comme un Dieu d’ouverture, un Dieu des nations et pour les nations. L’universalité de Dieu prépare et introduit au mystère de l’Eglise.
Désormais, l’Eglise est la « Nouvelle Jérusalem », » le nouveau peuple » en marche pour faire connaitre le mystère qui lui a été révélé et déposé entre ses mains, selon les recommandations de Jésus : « vous serez mes témoins jusqu’aux extrémités de la terre » (Ac 8,1)
Quant à la « théophanie », elle tire aussi son origine et son sens de la religion antique, de deux radicaux, « théo », dieu et de « phan », apparition, ce qui se laisse voir ou observer. La théophanie est une manifestation divine au cours de laquelle Dieu se révèle aux hommes par un message qui peut être une « bonne nouvelle » ou un avertissement. En empruntant ce mot, le christianisme a conservé son sens de la manifestation divine que la théologie désignera par le terme « Révélation ». Dans la Théophanie, Dieu parle de Lui-même aux hommes, il se dit, il se révèle…
A la suite du Buisson Ardent et de la rencontre de Dieu avec Moïse au Mont Sinaï, la naissance de Jésus-Christ ainsi que son baptême dans le Jourdain sont considérés à juste titre comme « des théophanies essentielles » de l’Ancien et du Nouveau Testament. La Théophanie est le prélude de ce que Dieu dit de lui-même, alors que la Révélation est le sommet de ce qu’il dit de Lui-même. Dans une théophanie, Dieu ne se sert d’aucun moyen : il n’envoie ni ange, ni étoile… Il se met en scène « intuitu personae » (lui-même) : « Celui-ci est mon Fils bien Aimé ».
Qui peut parler de Dieu, sinon Dieu lui-même ! La théologie, comme science, est une approche qui tente d’expliciter ce que Dieu dit de lui-même. La théologie ne révèle rien… Elle éclaire la Révélation sous le regard bien veillant du Magistère de l’Eglise.
Dans le prolongement de la Révélation, le baptême de Jésus par Jean, le Baptiste, se situe à un tournant décisif qui a eu son sommet dans l’incarnation, où l’invisible devient visible…, le Plus-Haut devient le Plus-Proche, notre familier. Et c’est la Voix du Père céleste qui atteste que Celui qui se fait baptiser dans les eaux du Jourdain est bel et bien son Fils, sa Parole ultime aux hommes. Le baptême de Jésus est une théophanie parce qu’il est porteur d’un message de salut pour le genre humain : il inaugure une ère nouvelle et scelle une nouvelle alliance. De par son baptême, Celui qui est sans péché a porté les péchés des multitudes et présente à son Père des hommes nouveaux, nés désormais de l’eau et de l’Esprit-Saint.
En nous incorporant au Christ, le baptême devient un sacrement de relèvement, un sacrement de la re-construction, de la renaissance. Le baptisé est un homme debout ! De même que le prophète exhorte Jérusalem à se mettre debout pour laisser rayonner la gloire du Seigneur, de même, j’encourage les fidèles du Christ, à l’aurore de la nouvelle année, de se laisser mouvoir par la volonté de Dieu. Et ce Dieu nous veut debout, soutenu par son Esprit reçu au baptême. Avec notre baptême, nous sommes les témoins d’une espérance qui atomise les peurs. Chantons avec le psalmiste : « ma force et mon chant, c’est le Seigneur, il est pour moi le salut » (Ps 117 (118), v.14).
La posture « debout » est le signe de l’espérance, vertu qui nous propulse vers l’Avant (devant) et l’Avent (l’attente). Les Mages sont le symbole de la marche, du courage, de la traversée vers l’Enfant de la crèche, humble et fragile.
Père DIEUDONNE MASSOMA, Curé
Publié le 09 janvier 2025
Edito du Curé – dimanche 12 janvier 2025
« Debout, Jérusalem, Resplendis ! (Is 60,1) »
La lumière de l’Epiphanie jette encore ses rayons sur le temps de Noël qui court jusqu’au dimanche du « baptême du Seigneur », véritable « théophanie ». Je voudrais profiter de ces deux solennités de notre Seigneur Jésus-Christ, que la liturgie célèbre concomitamment, pour faire un rappel catéchétique de l’Epiphanie et du baptême de Jésus dans les eaux du Jourdain.
Dans la liturgie romaine, le cycle de Noël se conclut par deux manifestations ou dévoilements du mystère de Dieu aux hommes. A l’Epiphanie, Dieu manifeste aux Mages la splendeur de son Fils qui vient de naître à travers le signe d’une Etoile. Au baptême, Dieu, le Père, présente Jésus, comme « son Fils bien-aimé ». Voilà deux mots – Epiphanie et Théophanie – qui ont une même sémantique et introduisent au même mystère avec quelques nuances sur leur usage selon qu’on soit de l’église orthodoxe ou romaine.
Le mot « épiphanie » tire sa source et son sens des célébrations païennes de l’Antiquité grecque, comme l’indique son étymologie : le substantif « épi » qui signifie « sur » et le verbe « phainein », briller, illuminer, donner à voir, manifester… Sous l’influence du christianisme naissant, le mot a subi l’influence de cette nouvelle culture qui célèbre la venue du Messie dans le monde. Ce Messie a été annoncé sous le signe de l’Astre du ciel, de l’Etoile du Matin, de l’Astre d’en Haut qui guide ceux qui marchent dans les ténèbres. C’est cette « Etoile » qui guida les Mages, mystérieux personnages venus de l’Orient vers la crèche pour adorer le nouveau roi né dans une bourgade inconnue de Judée. Ces astrologues d’Orient vivaient loin de l’ambiance de l’attente du Messie. Ces personnages sont le symbole de Dieu qui emprunte les pas de l’annonce pour se faire connaitre, se manifester à ceux qui sont en dehors du cercle du peuple élu, peuple témoin de l’accueil et de l’annonce du Messie. A l’Epiphanie, Dieu précède les pas des messagers chargés de l’annoncer. Il ne fait pas que dévoiler, il se dévoile ! Le Nouveau Roi, soleil levant, jette ses rayons au-delà des frontières d’Israël. A ce tire Jérusalem devient le point de convergence de tous les peuples. Dieu accueilli par un peuple s’annonce comme un Dieu d’ouverture, un Dieu des nations et pour les nations. L’universalité de Dieu prépare et introduit au mystère de l’Eglise.
Désormais, l’Eglise est la « Nouvelle Jérusalem », » le nouveau peuple » en marche pour faire connaitre le mystère qui lui a été révélé et déposé entre ses mains, selon les recommandations de Jésus : « vous serez mes témoins jusqu’aux extrémités de la terre » (Ac 8,1)
Quant à la « théophanie », elle tire aussi son origine et son sens de la religion antique, de deux radicaux, « théo », dieu et de « phan », apparition, ce qui se laisse voir ou observer. La théophanie est une manifestation divine au cours de laquelle Dieu se révèle aux hommes par un message qui peut être une « bonne nouvelle » ou un avertissement. En empruntant ce mot, le christianisme a conservé son sens de la manifestation divine que la théologie désignera par le terme « Révélation ». Dans la Théophanie, Dieu parle de Lui-même aux hommes, il se dit, il se révèle…
A la suite du Buisson Ardent et de la rencontre de Dieu avec Moïse au Mont Sinaï, la naissance de Jésus-Christ ainsi que son baptême dans le Jourdain sont considérés à juste titre comme « des théophanies essentielles » de l’Ancien et du Nouveau Testament. La Théophanie est le prélude de ce que Dieu dit de lui-même, alors que la Révélation est le sommet de ce qu’il dit de Lui-même. Dans une théophanie, Dieu ne se sert d’aucun moyen : il n’envoie ni ange, ni étoile… Il se met en scène « intuitu personae » (lui-même) : « Celui-ci est mon Fils bien Aimé ».
Qui peut parler de Dieu, sinon Dieu lui-même ! La théologie, comme science, est une approche qui tente d’expliciter ce que Dieu dit de lui-même. La théologie ne révèle rien… Elle éclaire la Révélation sous le regard bien veillant du Magistère de l’Eglise.
Dans le prolongement de la Révélation, le baptême de Jésus par Jean, le Baptiste, se situe à un tournant décisif qui a eu son sommet dans l’incarnation, où l’invisible devient visible…, le Plus-Haut devient le Plus-Proche, notre familier. Et c’est la Voix du Père céleste qui atteste que Celui qui se fait baptiser dans les eaux du Jourdain est bel et bien son Fils, sa Parole ultime aux hommes. Le baptême de Jésus est une théophanie parce qu’il est porteur d’un message de salut pour le genre humain : il inaugure une ère nouvelle et scelle une nouvelle alliance. De par son baptême, Celui qui est sans péché a porté les péchés des multitudes et présente à son Père des hommes nouveaux, nés désormais de l’eau et de l’Esprit-Saint.
En nous incorporant au Christ, le baptême devient un sacrement de relèvement, un sacrement de la re-construction, de la renaissance. Le baptisé est un homme debout ! De même que le prophète exhorte Jérusalem à se mettre debout pour laisser rayonner la gloire du Seigneur, de même, j’encourage les fidèles du Christ, à l’aurore de la nouvelle année, de se laisser mouvoir par la volonté de Dieu. Et ce Dieu nous veut debout, soutenu par son Esprit reçu au baptême. Avec notre baptême, nous sommes les témoins d’une espérance qui atomise les peurs. Chantons avec le psalmiste : « ma force et mon chant, c’est le Seigneur, il est pour moi le salut » (Ps 117 (118), v.14).
La posture « debout » est le signe de l’espérance, vertu qui nous propulse vers l’Avant (devant) et l’Avent (l’attente). Les Mages sont le symbole de la marche, du courage, de la traversée vers l’Enfant de la crèche, humble et fragile.
Père DIEUDONNE MASSOMA, Curé
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Publié le 09 janvier 2025