Edito du Curé – dimanche 19 janvier 2025
« Mon Heure n’est pas encore venue »
Tout l’évangile de Saint Jean est construit comme un cycle évolutif vers l’accomplissement de l’Heure de Jésus. Une Heure, qui n’est pas dans le temps « chronos », mais l’instant de l’accomplissement d’un évènement central, capital et déterminant dans sa vie et sa mission. Jésus, dans l’évangile de Saint Jean, attend cet évènement et le prépare. Ainsi, en dehors du prologue johannique (Jn1,1-18) où Jésus est présenté comme parole éternelle du Père et de son épilogue où il est professé comme véritable Messie promis, le corps de son texte se structure en trois parties : un « Avant-l’Heure, un « Pendant-l’Heure » et un « Après-l’Heure ». Cet évangile ne se démarque pas seulement des synoptiques par sa composition assez structurée, son style moins narratif, sa théologie…, mais aussi par quelques épisodes particuliers à l’exemple des Noces de Cana prévues dans la liturgie de ce dimanche. Celui qu’on surnomme « le disciple bien-aimé » rapporte les faits et gestes de son Maître, soit pour annoncer son Heure, soit pour confirmer l’arrivée de son Heure et son accomplissement. Ce n’est donc pas étonnant de voir l’épisode du mariage à Cana dans les premiers chapitres de l’évangile de St Jean. En mettant dans la bouche de Jésus ces paroles : « Femme…, mon Heure n’est pas encore venue », St Jean trace déjà la trajectoire de sa mission et anticipe la manière par laquelle celle-ci va s’accomplir.
Voilà qu’au soir du Baptême de Jésus qui clôture le cycle de Noël et inaugure la vie publique de celui-ci, la liturgie, comme un phare, jette ses rayons vers l’horizon de l’accomplissement de son Heure. Avec les Noces de Cana en ce dimanche, le deuxième du Temps Ordinaire, le mystère de l’Incarnation que l’Eglise vient de célébrer ne se comprend pas seulement dans sa dimension de « carnis » (de la chair, de notre chair) mais toutes les dimensions de la vie humaine : ses joies et ses peines, son histoire et sa culture, ses inquiétudes et ses espérances… Dans le mystère de l’Incarnation, Dieu habite l’humain dans sa globalité. En inaugurant le ministère public de Jésus par les noces humaines, St Jean va le clôturer par les noces éternelles où l’humanité est conviée, corps et âme. Le signe annonce celui qui l’accomplit, Jésus, médiateur d’une Alliance Nouvelle (He 9,15) !
En lisant l’épisode du Mariage de Cana, il ne nous a pas échappé la tournure que prendrait cette fête si le vin venait à manquer : les mariés seraient dans le tourment, les convives inquiets, le Maître du repas dépité, les servantes accablées et confuses… La fête qui devait apporter de la joie se transformerait subitement en une rencontre funeste et triste. Avec le regard maternel de Marie, Jésus est « incité » à prendre les devants et rétablir l’ordre des choses. Dans les Noces de Cana, la grâce de Dieu n’est pas pleinement manifestée, mais elle est pleinement donnée en avance.
Le temps de Noël qui s’achève n’est pas une simple visite de Dieu qui viendrait voir comment se comportent les humains. Il n’est pas non plus une inspection éclair de Dieu ni un contrôle momentané de son légat, Jésus, pour enfin lui rendre compte de ce nous sommes et de ce que nous faisons… Dans le mystère de l’Incarnation, Dieu retrousse les manches, il prend sur lui nos malheurs, il s’interpose contre les déviations qui nous conduisent à la déchéance et même aux déviances… Ce que Jésus fait à Cana, avec la transformation de l’eau en vin pour la joie des convives, c’est ce qu’il fera au calvaire quand il portera nos péchés pour nous éviter la chute fatale, cette rupture totale avec Dieu qui nous exclurait du champ de la joie promise à ses fils.
Saint Jean, nous le savons, est resté volontairement assez sobre sur la naissance historique de Jésus à Bethléem, comme si cette naissance était une parenthèse s’ouvrant sur la véritable Incarnation de Jésus, celle qui le met en contact réel avec la vie humaine. Dans la vision johannique, Jésus est né à Bethléem et il s’incarne à Cana où il épouse totalement toutes les dimensions de la vie humaine. Cana, c’est Dieu au quotidien… Cana, c’est Dieu qui porte avec nous le poids du jour… Il scelle véritablement son alliance avec les hommes. Ce n’est pas pour rien que la liturgie nous la propose comme texte inaugural de la vie publique de Jésus.
Pour St Jean, l’épisode des Noces de Cana n’est pas pour résoudre un problème ponctuel d’intendance, même-si ce dernier n’est pas négligeable. L’enjeu est théologique. Les Noces de Cana sont le rappel de cette Alliance annoncée par les Prophètes, rompue au fil du temps par de multiples infidélités des hommes et accomplie en ces temps qui sont les derniers par son Fils, Jésus-Christ. L’heure annoncée à l’Incarnation est accomplie à la Résurrection pour la joie et salut de l’humanité. Le salut est un processus qui intègre le parcours johannique de l’accomplissement de l’Heure de Notre Seigneur Jésus, le Christ ! Notre vie est tendue vers cette Heure, vers l’Espérance ! Le chrétien est pèlerin de cette espérance qui ne s’accomplit définitivement que dans le face-à-face avec Dieu dans la Noce éternelle. L’Eucharistie en est le gage, la figure sacramentelle.
L’année liturgique qui s’ouvre ce premier dimanche du « Temps Ordinaire » est le cadre temporel à travers lequel l’Eglise célèbre les mystères du Christ : de la Nativité à la Résurrection en passant par l’Ascension et la Pentecôte. Sous l’action du Saint Esprit, l’Eglise reçoit la mission d’accompagner le pèlerinage des fidèles jusqu’à l’attente de la bienheureuse espérance du Retour glorieux du Seigneur.
Père DIEUDONNE MASSOMA, Curé
Publié le 16 janvier 2025
Edito du Curé – dimanche 19 janvier 2025
« Mon Heure n’est pas encore venue »
Tout l’évangile de Saint Jean est construit comme un cycle évolutif vers l’accomplissement de l’Heure de Jésus. Une Heure, qui n’est pas dans le temps « chronos », mais l’instant de l’accomplissement d’un évènement central, capital et déterminant dans sa vie et sa mission. Jésus, dans l’évangile de Saint Jean, attend cet évènement et le prépare. Ainsi, en dehors du prologue johannique (Jn1,1-18) où Jésus est présenté comme parole éternelle du Père et de son épilogue où il est professé comme véritable Messie promis, le corps de son texte se structure en trois parties : un « Avant-l’Heure, un « Pendant-l’Heure » et un « Après-l’Heure ». Cet évangile ne se démarque pas seulement des synoptiques par sa composition assez structurée, son style moins narratif, sa théologie…, mais aussi par quelques épisodes particuliers à l’exemple des Noces de Cana prévues dans la liturgie de ce dimanche. Celui qu’on surnomme « le disciple bien-aimé » rapporte les faits et gestes de son Maître, soit pour annoncer son Heure, soit pour confirmer l’arrivée de son Heure et son accomplissement. Ce n’est donc pas étonnant de voir l’épisode du mariage à Cana dans les premiers chapitres de l’évangile de St Jean. En mettant dans la bouche de Jésus ces paroles : « Femme…, mon Heure n’est pas encore venue », St Jean trace déjà la trajectoire de sa mission et anticipe la manière par laquelle celle-ci va s’accomplir.
Voilà qu’au soir du Baptême de Jésus qui clôture le cycle de Noël et inaugure la vie publique de celui-ci, la liturgie, comme un phare, jette ses rayons vers l’horizon de l’accomplissement de son Heure. Avec les Noces de Cana en ce dimanche, le deuxième du Temps Ordinaire, le mystère de l’Incarnation que l’Eglise vient de célébrer ne se comprend pas seulement dans sa dimension de « carnis » (de la chair, de notre chair) mais toutes les dimensions de la vie humaine : ses joies et ses peines, son histoire et sa culture, ses inquiétudes et ses espérances… Dans le mystère de l’Incarnation, Dieu habite l’humain dans sa globalité. En inaugurant le ministère public de Jésus par les noces humaines, St Jean va le clôturer par les noces éternelles où l’humanité est conviée, corps et âme. Le signe annonce celui qui l’accomplit, Jésus, médiateur d’une Alliance Nouvelle (He 9,15) !
En lisant l’épisode du Mariage de Cana, il ne nous a pas échappé la tournure que prendrait cette fête si le vin venait à manquer : les mariés seraient dans le tourment, les convives inquiets, le Maître du repas dépité, les servantes accablées et confuses… La fête qui devait apporter de la joie se transformerait subitement en une rencontre funeste et triste. Avec le regard maternel de Marie, Jésus est « incité » à prendre les devants et rétablir l’ordre des choses. Dans les Noces de Cana, la grâce de Dieu n’est pas pleinement manifestée, mais elle est pleinement donnée en avance.
Le temps de Noël qui s’achève n’est pas une simple visite de Dieu qui viendrait voir comment se comportent les humains. Il n’est pas non plus une inspection éclair de Dieu ni un contrôle momentané de son légat, Jésus, pour enfin lui rendre compte de ce nous sommes et de ce que nous faisons… Dans le mystère de l’Incarnation, Dieu retrousse les manches, il prend sur lui nos malheurs, il s’interpose contre les déviations qui nous conduisent à la déchéance et même aux déviances… Ce que Jésus fait à Cana, avec la transformation de l’eau en vin pour la joie des convives, c’est ce qu’il fera au calvaire quand il portera nos péchés pour nous éviter la chute fatale, cette rupture totale avec Dieu qui nous exclurait du champ de la joie promise à ses fils.
Saint Jean, nous le savons, est resté volontairement assez sobre sur la naissance historique de Jésus à Bethléem, comme si cette naissance était une parenthèse s’ouvrant sur la véritable Incarnation de Jésus, celle qui le met en contact réel avec la vie humaine. Dans la vision johannique, Jésus est né à Bethléem et il s’incarne à Cana où il épouse totalement toutes les dimensions de la vie humaine. Cana, c’est Dieu au quotidien… Cana, c’est Dieu qui porte avec nous le poids du jour… Il scelle véritablement son alliance avec les hommes. Ce n’est pas pour rien que la liturgie nous la propose comme texte inaugural de la vie publique de Jésus.
Pour St Jean, l’épisode des Noces de Cana n’est pas pour résoudre un problème ponctuel d’intendance, même-si ce dernier n’est pas négligeable. L’enjeu est théologique. Les Noces de Cana sont le rappel de cette Alliance annoncée par les Prophètes, rompue au fil du temps par de multiples infidélités des hommes et accomplie en ces temps qui sont les derniers par son Fils, Jésus-Christ. L’heure annoncée à l’Incarnation est accomplie à la Résurrection pour la joie et salut de l’humanité. Le salut est un processus qui intègre le parcours johannique de l’accomplissement de l’Heure de Notre Seigneur Jésus, le Christ ! Notre vie est tendue vers cette Heure, vers l’Espérance ! Le chrétien est pèlerin de cette espérance qui ne s’accomplit définitivement que dans le face-à-face avec Dieu dans la Noce éternelle. L’Eucharistie en est le gage, la figure sacramentelle.
L’année liturgique qui s’ouvre ce premier dimanche du « Temps Ordinaire » est le cadre temporel à travers lequel l’Eglise célèbre les mystères du Christ : de la Nativité à la Résurrection en passant par l’Ascension et la Pentecôte. Sous l’action du Saint Esprit, l’Eglise reçoit la mission d’accompagner le pèlerinage des fidèles jusqu’à l’attente de la bienheureuse espérance du Retour glorieux du Seigneur.
Père DIEUDONNE MASSOMA, Curé
Publié le 16 janvier 2025
Edito du Curé – dimanche 19 janvier 2025
« Mon Heure n’est pas encore venue »
Tout l’évangile de Saint Jean est construit comme un cycle évolutif vers l’accomplissement de l’Heure de Jésus. Une Heure, qui n’est pas dans le temps « chronos », mais l’instant de l’accomplissement d’un évènement central, capital et déterminant dans sa vie et sa mission. Jésus, dans l’évangile de Saint Jean, attend cet évènement et le prépare. Ainsi, en dehors du prologue johannique (Jn1,1-18) où Jésus est présenté comme parole éternelle du Père et de son épilogue où il est professé comme véritable Messie promis, le corps de son texte se structure en trois parties : un « Avant-l’Heure, un « Pendant-l’Heure » et un « Après-l’Heure ». Cet évangile ne se démarque pas seulement des synoptiques par sa composition assez structurée, son style moins narratif, sa théologie…, mais aussi par quelques épisodes particuliers à l’exemple des Noces de Cana prévues dans la liturgie de ce dimanche. Celui qu’on surnomme « le disciple bien-aimé » rapporte les faits et gestes de son Maître, soit pour annoncer son Heure, soit pour confirmer l’arrivée de son Heure et son accomplissement. Ce n’est donc pas étonnant de voir l’épisode du mariage à Cana dans les premiers chapitres de l’évangile de St Jean. En mettant dans la bouche de Jésus ces paroles : « Femme…, mon Heure n’est pas encore venue », St Jean trace déjà la trajectoire de sa mission et anticipe la manière par laquelle celle-ci va s’accomplir.
Voilà qu’au soir du Baptême de Jésus qui clôture le cycle de Noël et inaugure la vie publique de celui-ci, la liturgie, comme un phare, jette ses rayons vers l’horizon de l’accomplissement de son Heure. Avec les Noces de Cana en ce dimanche, le deuxième du Temps Ordinaire, le mystère de l’Incarnation que l’Eglise vient de célébrer ne se comprend pas seulement dans sa dimension de « carnis » (de la chair, de notre chair) mais toutes les dimensions de la vie humaine : ses joies et ses peines, son histoire et sa culture, ses inquiétudes et ses espérances… Dans le mystère de l’Incarnation, Dieu habite l’humain dans sa globalité. En inaugurant le ministère public de Jésus par les noces humaines, St Jean va le clôturer par les noces éternelles où l’humanité est conviée, corps et âme. Le signe annonce celui qui l’accomplit, Jésus, médiateur d’une Alliance Nouvelle (He 9,15) !
En lisant l’épisode du Mariage de Cana, il ne nous a pas échappé la tournure que prendrait cette fête si le vin venait à manquer : les mariés seraient dans le tourment, les convives inquiets, le Maître du repas dépité, les servantes accablées et confuses… La fête qui devait apporter de la joie se transformerait subitement en une rencontre funeste et triste. Avec le regard maternel de Marie, Jésus est « incité » à prendre les devants et rétablir l’ordre des choses. Dans les Noces de Cana, la grâce de Dieu n’est pas pleinement manifestée, mais elle est pleinement donnée en avance.
Le temps de Noël qui s’achève n’est pas une simple visite de Dieu qui viendrait voir comment se comportent les humains. Il n’est pas non plus une inspection éclair de Dieu ni un contrôle momentané de son légat, Jésus, pour enfin lui rendre compte de ce nous sommes et de ce que nous faisons… Dans le mystère de l’Incarnation, Dieu retrousse les manches, il prend sur lui nos malheurs, il s’interpose contre les déviations qui nous conduisent à la déchéance et même aux déviances… Ce que Jésus fait à Cana, avec la transformation de l’eau en vin pour la joie des convives, c’est ce qu’il fera au calvaire quand il portera nos péchés pour nous éviter la chute fatale, cette rupture totale avec Dieu qui nous exclurait du champ de la joie promise à ses fils.
Saint Jean, nous le savons, est resté volontairement assez sobre sur la naissance historique de Jésus à Bethléem, comme si cette naissance était une parenthèse s’ouvrant sur la véritable Incarnation de Jésus, celle qui le met en contact réel avec la vie humaine. Dans la vision johannique, Jésus est né à Bethléem et il s’incarne à Cana où il épouse totalement toutes les dimensions de la vie humaine. Cana, c’est Dieu au quotidien… Cana, c’est Dieu qui porte avec nous le poids du jour… Il scelle véritablement son alliance avec les hommes. Ce n’est pas pour rien que la liturgie nous la propose comme texte inaugural de la vie publique de Jésus.
Pour St Jean, l’épisode des Noces de Cana n’est pas pour résoudre un problème ponctuel d’intendance, même-si ce dernier n’est pas négligeable. L’enjeu est théologique. Les Noces de Cana sont le rappel de cette Alliance annoncée par les Prophètes, rompue au fil du temps par de multiples infidélités des hommes et accomplie en ces temps qui sont les derniers par son Fils, Jésus-Christ. L’heure annoncée à l’Incarnation est accomplie à la Résurrection pour la joie et salut de l’humanité. Le salut est un processus qui intègre le parcours johannique de l’accomplissement de l’Heure de Notre Seigneur Jésus, le Christ ! Notre vie est tendue vers cette Heure, vers l’Espérance ! Le chrétien est pèlerin de cette espérance qui ne s’accomplit définitivement que dans le face-à-face avec Dieu dans la Noce éternelle. L’Eucharistie en est le gage, la figure sacramentelle.
L’année liturgique qui s’ouvre ce premier dimanche du « Temps Ordinaire » est le cadre temporel à travers lequel l’Eglise célèbre les mystères du Christ : de la Nativité à la Résurrection en passant par l’Ascension et la Pentecôte. Sous l’action du Saint Esprit, l’Eglise reçoit la mission d’accompagner le pèlerinage des fidèles jusqu’à l’attente de la bienheureuse espérance du Retour glorieux du Seigneur.
Père DIEUDONNE MASSOMA, Curé
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Publié le 16 janvier 2025